Lundi 30 novembre 1998


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A. Jacquet et Zagallo au S. de France le 26 nov. 1998
Le Stade de France à EXPO.COMM


Trois mois et demi après la finale du Mondial les deux entraîneurs finalistes se retrouvent au Stade de France.

Les deux hommes, qui ne parlent pas de langue commune, si ce n’est celle du sport, sont détendus et s’entretiennent par interprètes interposés. On sent malgré tout qu’ils se comprennent, sans les mots, et l’entraîneur français se mettra souvent à rire des plaisanteries de son homologue brésilien, qui parle haut, distinctement, d’une voix très grave et un peu chantée. Le respect mutuel est immense, et Jacquet ne s’adressera à son vis à vis, détenteur de quatre titres de champion du monde comme joueur ou entraîneur, que par du « Monsieur Zagallo ».

D’entrée le sud américain s’adresse au français « Je veux féliciter la France, qui a bien mérité son titre de champion du monde, et particulièrement Aimé Jacquet », dit Zagallo d’une voix forte.

Puis les deux hommes entament un dialogue sans véritable thème ; le premier atterrit par hasard sur la table : « Non, je n’ai aucune superstition », déclare l’entraîneur brésilien. Jacquet s’étonne et fait répéter Zagallo « non vraiment aucune, je vous le promet ».

L’entraîneur carioca revient sur les heures qui ont précédé la finale de la Coupe du Monde, sans aucune équivoque : « les bruits qui ont fait dire après le Mondial que Nike aurait exercé des pressions sur moi-même ou quiconque dans l’équipe ou notre entourage pour la composition de l’équipe le jour de la finale sont infondés. Tout cela est complètement faux, je n’aurais jamais accepté un poste d’entraîneur dans ces conditions ». Il revient également sur des rumeurs ayant circulé et concernant, entre autres bêtises selon lui, une nourriture empoisonnée distribuée à ses joueurs avant la rencontre le 12 juillet : « Certains ont voulu trouver des explications fantaisistes à notre défaite. Je ne vois, moi, que des explications sportives ».


photo David BURGOS

« Je suis heureux de ce que je viens d’entendre », dit Jacquet. « Lorsque nous avons eu la feuille de match avant la finale, il n’y avait pas le nom de Ronaldo, puis un 1/4h plus tard son nom y figurait. Je me suis dit immédiatement que les brésiliens avaient un problème, car Monsieur Zagallo est un gentleman, et dans mon esprit jamais il ne pouvait s’agir de sa part d’une embrouille que d’autres que lui, par contre, auraient pu utiliser pour nous déstabiliser. Il s’avère qu’il s’agissait du malaise de Ronaldo, ce qui ne m’étonne pas du tout, vous savez, c’est le football et les pressions sont énormes sur les joueurs. C’est arrivé aussi chez nous. Zidane a eu un malaise durant France-Italie ici-même et il a vomi sur le terrain. Pour finir là-dessus je dirais que cela ne nous a pas déconcentrés, nous étions tellement dans notre match ! ».

« J’ai fait tourner mon effectif durant ce Mondial de manière totalement délibérée, ajoute Jacquet. Durant le dernier championnat d’Europe les remplaçants avaient été nuls psychologiquement. Nous avons été battus en grande partie à cause de ça. Durant la Coupe du Monde les joueurs titulaires avaient, grâce à une préparation technique et tactique, un remplaçant poste par poste qui était prêt cette fois ci à donner le meilleur de lui-même. Ce fut selon moi une grande réussite à cet égard. L’exemple de Laurent Blanc qui n’a pas joué la finale est une illustration, son remplacement par Leboeuf a parfaitement fonctionné. Il avait joué contre le Danemark et était impeccablement prêt, surtout psychologiquement ». Guivarch, lui, a perdu confiance dès le premier match, j’avais aussi plusieurs solutions ».

Jacquet poursuit sur sa joie d’avoir rencontré le Brésil en finale : « finalement nous avions le même schéma de jeu avec Zagallo, quatre joueurs derrière, un récupérateur (Deschamps-Dunga)...etc., d’ailleurs à propos de Deschamps je dirais de lui qu’il est peut-être moins bon techniquement que Dunga, mais qu’il possède une intelligence tactique inégalable, et une autorité naturelle, comme Dunga d’ailleurs. La comparaison Ronaldo-Zidane est impossible. L’un est évidemment plus porté vers le but que l’autre. Je dois vous dire, Mr Zagallo, que nous avions travaillé les corners le matin même du match, car nous avions remarqué un relâchement du marquage brésilien sur ce type de situation.

Pendant ce Mondial l’ambiance a été formidable dans le groupe France. Il n’y a pas eu un seul conflit durant la compétition, la volonté et l’ambition étaient présentes à chaque instant ! Ce qui nous a surpris le plus c’est le soutien inconditionnel du public. Nous ne nous y attendions vraiment pas. Ce qui est vraiment extraordinaire c’est que ça dure, y compris pour les clubs français".

« J’ai arrêté car je l’avais décidé depuis longtemps. Fini le stress et adieu à 40 ans de carrière professionnelle (14 en tant que joueur et 26 d’entraîneur), je retourne aux racines, l’éducation des jeunes, c’est ma passion, mon plaisir. Je veux redonner au football ce que j’en ai reçu. Je le ferai tant que j’aurai la santé. Je me fous de l’argent. »

Interview recueillie le 26 novembre 1998 au Stade de France.

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Le Stade de France à EXPO.COMM

Le Stade de France, moins d’un an après son inauguration le 28 janvier 1998, est entré dans la légende. Sous l’ellipse du toit de l’arène les spectacles et manifestations musicales ont déjà fait de ce lieu un élément majeur de l’histoire sportive et musicale du siècle en France. Il constitue désormais un élément incontournable du patrimoine architectural hexagonal et offre à la France un nouvel espace de spectacles et d’événements dans des conditions d’accueil exceptionnelles offertes aux spectateurs, organisateurs ou visiteurs.

Au Palais des Congrès de Paris les 9, 10 et 11 décembre le Consortium du Stade de France présentait sur son stand toutes les fonctionnalités du lieu et la gamme extrêmement variée de possibilités offertes aux organisateurs de manifestations sportives, d’événements d’entreprise ou de spectacle : Auditorium, salles de conférence ou d’exposition, loges et terrasses privatives en gradin, sièges de prestige, salons de réception, restaurants, boutiques, service de visite guidée.

Philippe Verneaux



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